Le petit singe et le crocodile
Un beau matin, un petit singe s’amuse au bord d’une rivière, et souhaite passer sur l’autre rive… Mais comment ? La rivière est infestée de crocodiles.
Il a une idée. Il fait semblant d’avoir soif, et dès la première gorgée d’eau, il se fait attraper la main dans la gueule d’un crocodile qui, depuis des heures l’attendait dans l’eau, ressemblant patiemment à un tronc d’arbre flottant à la surface.
Le petit singe le supplie : « Je suis tout petit, je ne fais même pas une bouchée pour vous … Si vous me lâchez, je vous emmènerai un gros cochon qui est plus dodu et appétissant que moi ».
Le crocodile lui répond : « Ce n’est pas vraiment moi qui veux te manger, mais c’est ma chère femme qui attend des bébés et qui a des envies de cœurs de singe ».
La petite bête sursaute et crie alors : « Mais mon pauvre Monsieur le Crocodile, depuis quand un singe possède-t-il un cœur ? ».
Étonné, le crocodile lui pose une autre question plus bête encore : « Mais où est donc le cœur d’un singe ? ».
La petite bête fait semblant d’être triste, laisse même échapper de chaudes larmes… Dans sa petite tête, il pense avoir peu de chance de survivre à cette aventure.
« Regardez Monsieur, sur l’autre rive, il y a plein de cœurs de singe sur l’arbre là-bas. Ses fruits tout rouges, ce sont nos cœurs… Des gros, des dodus ou de tout minuscules comme le mien ».
Le crocodile réfléchit et répond : « Tu mens, petit racontar, je t’emmènerai à ma femme, un point c’est tout ».
« Pauvre Monsieur, écoutez-moi bien, quand Dieu nous a créés, il nous a demandés combien de temps nous voulons profiter de la vie sur terre? … Un à deux mois après notre naissance ? »… Nos ancêtres ont répondu non bien sûr… « On souhaite vivre au moins dix ans ou plus ».
Le crocodile reste muet… Et le singe continue son histoire : « Ne voyez-vous pas que tous les cœurs de singes là-bas tombent dix fois, même vingt fois par jour… Et on est toujours en bonne santé ».
« D’accord, je vais t’écouter, mais tu dois rester dans ma gueule… »
Le singe joue sa dernière carte : « Dites-moi, qui va grimper pour chercher un cœur… Moi, je vous jure, je pourrai vous en donner dix, ou tant que vous voulez ».
« Bon, bon, mais ne me joue pas de tour, sinon tu ne reverras pas ta maman ».
Le singe change alors de position, il s’assoit la tête du crocodile, tout en restant muet le long du chemin vers l’autre rive.
Arrivé à proximité de l’arbre, le singe dit d’un air triste : « Avancez-vous plus près encore de l’arbre. Comme ça je pourrai vous cueillir plein de cœurs… ».
Le crocodile s’approche un peu plus, et d’un grand saut, le singe attrape une branche et plus vite qu’un éclair, il grimpe au sommet de l’arbre.
« Hé petit, qu’est-ce que tu attends ? Envoie-moi deux, trois cœurs. »
Le petit malin simiesque, ses yeux embués, répond alors : « Monsieur, si je vous ai menti, c’est pour sauver ma peau… Vous m’excuserez, c’est la vie ».
Histoire racontée par Nha Phothao Ouparat Chane Boun
ຈາກການເລົ່າຂອງຍາພໍ່ເຖົ້າອຸປຮາຊຈານບຸນ
