Il est un bien de la nature au doux parfum d’Asie, utilisé par les soignants pour soigner les affections des voies pulmonaires, recherché par les plus fins nez des grandes maisons de luxe française pour de douces fragrances, c’est le « benjoin » sorti de la résine du Styrax, un genre d’arbres que l’on trouve entre autre au Laos, à 9000 km de la France.
Au Laos, 100 tonnes par an sont produites, dit-on, et pourtant quatre heures chaotiques de 4×4 sur les « chemins » sont nécessaires pour parvenir aux forêts de styrax. Le substantifique trésor coule tel des larmes de l’arbre, la résine aromatique est alors recueillie pour être partagé de par le monde.
Résine sortie du Styrax Benjoin d’origine Lao
La récolte du Benjoin empêche la désertification des campagnes, essentiellement dans les régions montagneuses du nord de Luang Prabang, Phongsaly, Houaphan et Oudomxay où de petites communautés le rassemblent pour compléter leurs revenus. Pourtant à mesure que les jeunes générations s’installent dans les villes et que d’autres sources de revenus deviennent plus attrayantes, les activités traditionnelles comme la collecte du benjoin disparaissent. Une perte de benjoin pourrait avoir des conséquences importantes sur les palettes des parfumeurs.
Benjoin d’origine lao (Source Wikipedia)
Si on lui prête des vertus curatives, il est aussi connu comme une source de beauté et de bien-être. On le connait comme l’ingrédient de parfums anciens comme Shalimar de Guerlain (élaboré en 1921) ou récents comme Opium d’Yves Saint Laurent (1977).
Le benjoin a aussi enivré le poète français Charles Baudelaire (1821-1867) dans 3 de ses poèmes, l’écrivain et journaliste Guy de Maupassant (1850-1893) le cite dans Bel-Ami, l’écrivain et poète Robert Sabatier (1923-2012) en fait fumer à Olivier dans Trois sucettes à la menthe.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants
Charles Baudelaire – extrait de « Correspondances »
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants
Ayant l’expansion des choses infinies
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens
Son odeur est addictive, enivrante, légèrement sucrée et indémodable. Source de plaisir des sens, la demande se fait des quatre coins de la Planète, il ne cesse d’être apprécié à travers les siècles.